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SIGNIFICATION DE TOU BICHVATE

 

Dans la Mishnah (Roch ha-Chanah 1,1), il est expliqué que le calendrier juif comporte quatre débuts d'année. Dans les lignes qui suivent nous allons parler du Nouvel An des arbres. Ce Nouvel An des arbres est appelé plus communément Tou bi-Chevat, ou encore Roch ha-Chanah la-Ilane (Nouvel An des arbres) , ou enfin Hag la-Ilanot (Fête des arbres)Sous sa forme la plus connue, cette fête est nommée par sa date de célébration, autrement dit le 15 du mois de Chevat qui est le onzième du calendrier juif, et coïncide généralement avec les mois de janvier/février du calendrier civil.Mais avant de poursuivre plus loin notre étude, analysons de plus près le terme Tou.Tou =Têt+Vav=15 car (Têt=9)+(Vav=6)=15 (voir le cours "Déchiffrer des lettres" pour la valeur numérique des lettres). Cependant une question brûle les lèvres de chacun...???? Pourquoi écrit-on le chiffre 15 sous la forme Tou, alors que logiquement on devrait écrire le chiffre 15 Youd (10)- Hé (5), étant donné que le chiffre 14 s'écrit Youd (10)-Dalet(4), . Effectivement les lettres Youd-Hé associées désignent le nom de D-ieu. Or il est inconcevable d'utiliser son nom à des fins profanes lui qui est tout entier sainteté. De fait on a donc opté pour la combinaison Tou.D'un point de vue grammatical il est bon de rappeler que le chiffre d'une date ne se dit que sur le mode du masculin car il est associé au mot "jour"(Yom) qui est un nom de genre masculin en hébreu. Par conséquent le chiffre 15 dans ce contexte se dira Hamichah Assar.

Le Hamichah Assar du mois de Chevat (Tou bi-Chevat), qui est donc devenu par extension la fête des fruits, désigne le Nouvel An des arbres car on considère qu'en ce jour débute le renouveau de la nature, de même que c'est à partir de cette date là que l'on commence à calculer l'âge des arbres. Selon le Talmud la date du 15 Chevat (d'après l'école de Hillel qui s'opposait à la date du 1er Chevat suggérée par l'école de Chammaï) a été retenue car d'une part elle coïncide avec la fin de la saison des pluies en Terre d'Israël, et d'autre part avec l'arrivée à maturité des fruits.Même si c'est une fête mineure du calendrier, sur le plan liturgique on ne récite ce jour là ni de supplications ni de prières pénitencielles. De même il est interdit de jeûner.Dans les communautés ashkénazes d'Europe, on a l'habitude de consommer 15 sortes de fruits (chiffre corollaire à la date) avec une préférence toute particulière pour les 7 espèces poussant en Israël mentionnées dans le livre du Deutéronome (Chap.8, Versets 8-9): "pays de froment (blé), d'orge, de vignes, de figuiers, et de grenadiers, pays d'olives oléagineux et de miel (qui renvoie au miel de dattes)". A ce propos il est utile de rappeler que l'on consomme les fruits selon un ordre et des règles précises. Au préalable il faut distinguer deux groupes de fruits, ceux qui poussent en Terre d'Israël et les autres.

Règle 1: On mange d'abord les fruits d'Israël puis les autres, par exemple on mange du raisin puis des bananes.

Règle 2: Parmi les fruits des 7 espèces, c'est l'ordre dans lequel les fruits sont énumérés dans le verset (voir plus haut) qui déterminera quel fruit doit-on manger en premier lieu, par exemple on mange les figues avant les dattes.

Ce festin de fruits s'accompagne de la récitation du psaume 104 (récité également en chaque début de mois ou Roch Hodech) qui décrit la grandeur de D-ieu tel qu'elle se manifeste dans la nature, ainsi que 15 Cantiques des degrés (Chir ha-Maalot) n°120 à 134. Chez les séfarades , ce jour fût davantage valorisé sous l'impulsion des cabalistes de Safed au XVIème siècle. En effet liturgie et coutumes connurent une formidable floraison. Des poèmes spéciaux appelés "complas" étaient récités, de même sous l'influence du Arizal (Rabbi Isaac Louria) les cabalistes avaient réuni dans un petit recueil spécial intitulé "Péri Ets Hadar" des hymnes (piyyoutim) écrites particulièrement pour l'occasion, des extraits de littérature midrachique ainsi que des passages bibliques louant la Terre d'Israël et ses produits. Enfin à l'instar du Seder de Pâques on buvait 4 coupes de vins certainement en référence aux quatre saisons. Depuis l'implantation des colonies agricoles en Palestine au cours du XIXème siècle, la fête de Tou bi-Chevat est devenue le symbole de la résurrection et de la rédemption du sol reconquis sur le désert. Enfin, de nos jours Tou bi-Chevat, est fêtée en Israël autour de chants d'enfants et de sorties dans les forêts au cours desquelles on plante symboliquement des arbres.