FRAUENBERG

 

 

Le cimetière juif de Frauenberg

D'une communauté juive autrefois florissante, il ne reste plus, à Frauenberg qu'un vieux cimetière.

Chassés des villes, tolérés, selon l'humeur des princes du moment, dans les campagnes, les juifs s'étaient établis, au cours des siècles passés dans cette vallée de la Blies, mêlant étroitement leur culture, leurs traditions, à celles des habitants des villages de la contrée. Le cimetière de Frauenberg constitue la seule nécropole juive pour l'ensemble des villages de cette vallée.

Bien qu'aucun document ne permette de dater avec exactitude la création du cimetière, on considère que les premières inhumations ont eu lieu vers 1740. Beaucoup de stèles de la partie la plus ancienne ont totalement disparu, enfouies dans la terre au fil des années. Cependant, on a retrouvé dans un périmètre plus récent, les tombes de quelques " personnalités ". Citons, parmi d'autres, les tombes du père et du grand-père de Simon Lazard, fondateur de la célèbre banque du même nom, du Rabbin Samuel Bernheim qui officiait à Sarreguemines au 19e siècle, d'un ancien Maire de Sarreguemines, Lion Grumbach, etc ?

On notera avec intérêt la variété des styles selon les époques ; les rosaces, les arcs, les sculptures végétales ou florales, telles la couronne de lauriers, la branche de myrte, le lierre, chacun de ces végétaux ayant une signification propre.

Plus particulières aux cimetières juifs, les représentations d'aiguières (vases) indiquent l'emplacement de la tombe d'un lévite ; à l'époque du Temple, il y a plus de 2000 ans, les membres de la tribu des Lévi étaient chargés de fonctions et notamment de verser l'eau, à partir d'une telle aiguière, sur les mains des prêtres (les Kohanim) afin de les purifier.

Les représentations de deux mains élevées en un geste de bénédiction, indiquent la présence d'un descendant de la tribu du Grand Prêtre Aron. Ce sont les Kohanim (pluriel de Kohen, ou Köhn ou Kahn). Par privilège et par devoir, ils étaient seuls habilités à donner la bénédiction au peuple, et de nos jours, on distingue très nettement plusieurs représentations des deux mains jointes en bénédiction.

Avec l'ouverture du cimetière de la ville de Sarreguemines, en 1900, suivie de la dispersion des communautés juives de la vallée de la Blies après la deuxième guerre mondiale, le cimetière de Frauenberg a, peu à peu, été abandonné. Cependant, comme on peut le constater, quelques inhumations récentes de défunts originaires de Frauenberg ou de sa région, ont encore eu lieu.

L'état de délabrement et d'abandon de ce cimetière n'est qu'apparent. Les moyens financiers dont disposent les responsables ne leur permettent pas, malheureusement, de faire mieux qu'un débroussaillage annuel. Même s'agissant d'un cimetière, l'espoir fait vivre et nous ne désespérons pas de voir un jour de généreux mécènes verser des fonds susceptibles de rendre à cette vénérable nécropole l'allure digne de ceux qui y reposent à jamais.

Claude BLOCH, Mathieu CAHN