La communauté juive de Metz se distingue par son ancienneté, la grandeur de son passé et son rayonnement spirituel. Même si la présence
des juifs à l'époque romaine est probable, la première
mention de leur existence, sans doute en nombre, dans notre ville,
remonte à 888, lors d'un concile les attaquant. Les juifs,
à cette époque, sont marchands, cultivent la terre
et possèdent des vignes. Metz
est un foyer d'étude de la Loi. Vers 960 naît dans
notre ville Rabbénou Guerchon. Son prestige dans le monde
juif lui valut le titre de " Lumière de l'exil ".
Il fait figure de chef spirituel des juifs de l'époque.
Ses décisions, dont l'interdiction de la polygamie en
Europe, font encore autorité de nos jours. La communauté juive habitait le quartier de la synagogue actuelle. Elle rechercha toujours comme rabbins des érudits, souvent des contrées lointaines et fit de l'enseignement une de ses tâches prioritaires. Ceci entraîna un grand rayonnement dans le monde juif. Une école talmudique fut créée et attira des élèves de l'Europe entière. Parmi les rabbins célèbres qui exercèrent leur ministère à Metz, il faut citer Jonathan ELBECHITZ et surtout Arieh LOEW, auteur de " Schaagath Arieh " dont la réputation fut et demeure immense chez les étudiants de la Torah. Sa pierre tombale est dans le cimetière actuel. La communauté se gouvernait
elle-même et formait un état dans l'état.
Elle possédait son gouvernement, son tribunal, sa synagogue,
ses commerces, ses confréries charitables et ses médecins. Devant les Etats Généraux
de 1789, les juifs de Metz, de Lorraine et d'Alsace réclamèrent
les mêmes taxes que les citoyens, la liberté d'établissement,
d'occupation, de propriété et de culte en conservant
leur organisation. Napoléon eut une attitude ambivalente à l'égard des juifs. Il organisa le culte et créa le Consistoire central et les Consistoires départementaux dont celui de Metz. En
1821 est ouvert une école talmudique qui va devenir l'école
rabbinique de France en 1829. Malgré les résistances
locales, cette école fut transférée à
Paris en 1858.
Jean-Marc KRAEMER La synagogue "Adath Yechouroun" Un aperçu historique sur l'émigration des juifs de l'Est à Metz C'est au début du XIXème
siècle, que l'on trouve quelques familles d'origine polonaise
ou galicienne à Metz : sept en tout. En 1912, il y avait déjà à Metz, toute une colonie de nouveaux immigrés et à cette époque fut constituée " l'Adath Yechouroun ". A la déclaration de la première guerre mondiale, la situation commençait à s'assombrir ; les juifs autrichiens avaient été appelés sous les drapeaux et les Polonais ou les Russes envoyés en France ; après la guerre en 1920, le courant de l'immigration en Alsace-Lorraine devint très actif ; les nouveaux arrivés avaient déjà des attaches à Metz ; leurs professions étaient multiples : tailleurs, cordonniers, peintres en bâtiment, boulangers, ferblantiers, coiffeurs, commerçants, voyageurs ou marchands. Il y avait à Metz 5 offices ; parmi ceux-ci les " Schromé Schabess " sous la conduite de feu le Rabbin Kahlenberg. Les sociétés de bienfaisance et sportives étaient nombreuses. La guerre de 1939 chassa nos frères de leurs foyers ; la Communauté Juive de Metz fut durement frappée par les nazis ; plus d'un tiers de ses fidèles furent exterminés et ne revinrent jamais de leur déportation. En 1945 un tout petit groupe
de " revenants " arrive à Metz. A ce jour, cette synagogue est une des rares de ce rite encore en activité en France. Il faut rappeler le souvenir du Rav Marc HEISELBECK (ZAL) qui depuis la Libération jusqu'en 1970 a présidé aux destinées religieuses et depuis 1971 cette synagogue est sous la responsabilité du Dayan, Rav Maurice BAMBERGER. Henry SCHUMANN |