Les Esséniens et les manuscrits de Qumran

Chaînon manquant entre judaïsme et christianisme ?

 

La récente visite de Jean-Paul II a matérialisé la mutation des relations judéo-chrétiennes au cours des dernières années. "La Mutation" est précisément le titre et le thème d'un nouveau livre de Paul Giniewski relatant la transformation graduelle de l'ancien "enseignement du mépris" en un nouvel "enseignement de l'estime". Ce livre couvre deux mille ans d'histoire et un présent chargé de promesse. Nous en publions un extrait. (D'après LE LIEN) 

Quand les manuscrits de la mer Morte furent découverts en 1947 et 1948, ils projetèrent soudain une lumière éclatante sur la secte des esséniens, qu'on connaissait déjà par Flavius Josèphe et Philon, mais imparfaitement, et qui n'avaient jamais été sous les feux de la rampe avec un éclairage aussi fort. On découvrit soudain leur piété, leur ascèse, leur élan vers Dieu, preuves de la richesse du judaïsme immédiatement pré-chrétien.

On découvrit surtout l'enracinement, plus profond encore qu'on l'avait toujours su, du christianisme dans le judaïsme. On découvrit de nouvelles assonances du Nouveau Testament non seulement avec la Bible hébraïque, mais avec les écrits non-bibliques de la secte de Qumrân. La plupart des attitudes sociales, politiques et théologiques des esséniens envers les autres Juifs et le monde extérieur, s'avéraient une préfiguration des attitudes chrétiennes, dont la nouveauté se trouvait fortement érodée, sinon remise en question par les textes de Qumrân. Leur "trait le plus marquant (...) est cette attente fervente de la fin des temps (...), l'atmosphère d'attente messianique dans laquelle est né le christianisme", selon Mireille Hadass-Lebel, qui dirige la section d'études hébraïques de l'Institut national des langues et civilisations orientales (12).

Ces traits - les traits marquants du visage d'Israël peu avant Jésus - sont mis en évidence par le Pr. David Flusser, professeur d'histoire et de théologie comparée à l'Université hébraïque de Jérusalem, auteur incontesté de l'époque-charnière Ancien-Nouveau Testament, dans son livre Das essenische Abenteur (L'aventure essénienne) (13). Flusser décrit les composants de base des doctrines qumrânites. Il ressource dans les écrits juifs classiques l'idée chrétienne de la primauté de la foi et de la rédemption par Jésus, et montre comment cette idée a été relayée jusqu'au christianisme paulinien, précisément par l'essénisme. Ce jugement d'Ernest Renan s'en trouve corroboré : Le christianisme est un essénisme qui a réussi.

Similitude de forme et de fond

La secte de Qumrân se considérait comme le vrai Israël - le "verus Israël" dira plus tard l'Eglise - l'Israël en soi, l'Israël en marche vers l'accomplissement, le peuple de Dieu, les élus de Dieu. Les autres Juifs n'étaient pas les Juifs véritables. Les sectateurs de Qumrân prétendaient leur succéder, et comme certaines sectes chrétiennes ultérieures, haïssaient le reste du monde, rêvaient de le convertir et de sauver les âmes de leurs contemporains - étonnante préfiguration de futures perspectives chrétiennes.

Les institutions et les formes de la religion des sectateurs de Qumrân annonçaient celles de la future Eglise, et affichaient des objectifs voisins. Ils ne fréquentaient pas le Temple de Jérusalem (donc n'y sacrifiaient pas) et récusaient le personnel du sanctuaire. Leur Rouleau du Temple annonce le remplacement du Temple terrestre par un Temple célèste. Les sectateurs avaient leur propre calendrier. Comme les membres de certaines communautés chrétiennes futures, ils marchaient les yeux fixés à terre et portaient des vêtements blancs. Dans leur Manuel de discipline, ils s'auto-désignent par "fils de la lumière", un terme qui ne se refère à aucune expression de la Bible hébraïque, mais sera utilisée également par Luc pour désigner les chrétiens. Les formules introductives des citations bibliques, dans le Nouveau Testament, sont celles dont se servent les manuscrits de la mer Morte. Le monachisme chrétien, que l'on croit largement lié à l'Egypte, apparaît maintenant conforme à celui de la secte de Qumrân, qui se réclame d'une "nouvelle Alliance". Son chef, le maître de Justice, passait pour le Messie descendant de David, fut persécuté, torturé et exécuté comme martyr de la foi et devait ressusciter : Jésus apparaît comme préfiguré par le maître de Justice. Les divergences et l'affrontement entre esséniens et pharisiens préfigurent également les vitupérations des évangélistes. Les esséniens méprisaient les pharisiens. Ils les appelaient "les sectateurs du mensonge", leur enseignement "une erreur" et le chef des pharisiens "le blasphémateur", alors que le judaïsme non-esséniens qualifie les pharisiens de "sages".

On trouve de nombreuses autres assonances quasi-chrétiennes de vocabulaire et de pensée. Pour les esséniens, le "Saint-Esprit" arracherait les élus à la corruption des hommes voués par nature au mal. Ils attendaient la survenue du "Royaume". A la fin des temps, après la guerre de Gog et de Magog (ou le règne d'un roi atroce, en tout point identique à l'Antéchrist chrétien) viendra un monde parfait purgé du mal. Le mépris des richesses, le privilégiement de la pauvreté préfigurent les idées sociales de Jésus - ses idées morales étant proches du rabbinisme. Les sectateurs de Qumrân, comme plus tard l'Eglise, se croyaient seuls détenteurs de la vraie religion universelle. Aussi se posaient-ils les mêmes questions que plus tard les chrétiens : Dieu condamnera-t-il les autres à la perdition ? La majeure partie du peuple juif se ralliera-t-elle à la secte ? Cette dernière sera-t-elle acceptée comme l'autorité suprême ? Les esséniens de Qumrân se présentent en somme sous des traits quasi-chrétiens.

Les origines du christianisme sont ainsi mieux élucidées. La compréhension de certains passages des Evangiles est facilitée par l'exitence des textes de Qumrân. Le passage de Matthieu : "Il a été enseigné : tu haïras ton ennemi" est-il un simple trait d'antijudaïsme ? Haïr son ennemi ne figure pas dans la Bible hébraïque et ne correspond pas à son esprit. Mais ce trait atypique pourrait s'expliquer grâce à un passage du rouleau de La guerre des fils de la lumières contre les fils de l'obscurité, exhortant les sectateurs de Qumrân à haïr les fils de Bélial ! Sur ce point, leurs manuscrits nous en apprennent encore davantage. Dans sa Deuxième Epître aux Corinthiens, Paul demande aux fidèles de choisir entre le "Christ" et "Bélial" : "Quelle union peut-il y avoir entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord entre Christ et Bélial? (2. Cor, 6, 14-15). Or, le nom de Bélial n'apparaît nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Qui est-il ? Schalom Ben-Chorim nous rappelle que dans le rouleau que nous venons d'évoquer, "la guerre des Fils de la lumière est menée contre l'armée de Bélial, seigneur des Ténèbres" (14). Même l'armure dont les fidèles devront se revêtir dans leur combat, la cuirasse de la foi et de l'amour, avec le casque de l'espérance du salut, que Paul décrit dans la Première Epître aux Thessaloniciens (5, 5-8), est préfigurée dans le texte qumrânite (15).

Il y a d'autres parallèles entre Qumrân et les Evangiles. Les évangélistes pratiquaient couramment la typologie : les textes de la Bible hébraïque annonceraient les évènements du temps du Christ. Les auteurs des textes de Qumrân (comme ceux d'autres littératures anciennes) ont fait comme les évangélistes et avant eux. Ils appliqueront par exemple les textes du prophète Habakuk aux Romains et y trouveront des significations secrètes. C'était d'ailleurs une technique d'enseignement largement pratiquée par les Juifs. Le Talmud voyait dans les évènements des pères un signe pour les fils. Ce que l'Ecriture nous dit du passé est une indication de ce que nous réserve l'avenir et signifie autre chose que la lettre du texte.

Il existe des emprunts textuels probables du Nouveau Testament aux écrits de Qumrân, par exemple un passage de l'Epître aux Romains repris du Deutéronome : "Il dit encore : Nations, réjouissez-vous avec son peuple" (Rom.). La Traduction oecuménique de la Bible (Ed. 1988, p.256, Note (a)); nous apprend que ce verset se trouve dans la version grecque et dans un manuscrit du Deutéronome trouvé à Qumrân. Il n'existe pas dans la version hébraïque classique du Deutéronome. Paul, l'auteur de l'Epître aux Romains, ne l'aurait-il pas cité à partir du texte essénien ?

Les emprunts sont certains pour d'autres textes du Nouveau Testament.

Luc (7,22) et Matthieu (11, 5) énoncent les effets de la venue du Messie : "Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres". "L'Apocalypse messianique" des manuscrits de Qumrân s'était exprimée dans des termes très voisins, tirés du Psaume 147 d'Isaïe : "Il rendra la vue aux aveugles (...) guérira les blessés et ressuscitera les morts; aux pauvres il annoncera la bonne nouvelle" (16).

L'annonciation de la naissance de Jésus faite par l'ange Gabriel à Marie est ainsi rapportée par Luc : "Il sera appelé Fils du Très Haut (...) Et son règne n'aura pas de fin (...). L'être saint qui va naître sera appelé Fils de Dieu" (Luc, 1, 31-35). Le "Pseudo-Dan" de Qumrân avait annoncé dans les mêmes termes : "Il sera grand sur la terre (...). Il sera dit Fils de Dieu et Fils du Très-Haut on l'appellera. Son royaume est un royaume éternel" (17).

Les Béatitudes, dont on sait la filiation à partir des textes de la Bible hébraïque, s'enracinent de manière similaire dans les manuscrits de la mer Morte, où nous lisons :

"Heureux l'homme qui a atteint la sagesse / qui marche dans la loi du Très-Haut... / Heureux celui qui dit la vérité avec un coeur pur et ne calomnie pas avec sa langue... / Heureux ceux qui la cherchent (la Sagesse) avec des mains pures et qui ne la recherchent pas avec un coeur fourbe".

Hershel Shanks, citant ce ressourcement, note que "ces Béatitudes, antérieures au christianisme, présentes dans les manuscrits de Qumrân, appartiennent à la fontaine de l'héritage judaïque dans laquelle les évangélistes puisèrent pour développer leur propre version (18).

Marc annonce le rôle précurseur de Jean Baptiste en citant le livre d'Esaïe : "Selon qu'il écrit dans Isaïe le prophète : "Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer la route. Voix de celui qui crie : Dans le désert préparez le chemin du Seigneur, rendez droit ses sentiers "" (Marc, 1, 2). Dans leur Règle de la communauté, ceux de Qumrân expliquent leur choix de se retirer au désert en citant le même passage d'Isaïe : "Ils se sépareront du milieu de l'habitation des hommes pervers pour aller au désert, afin d'y frayer la voie de "Lui", ainsi qu'il est écrit : "Dans le désert frayez la voie (...) aplanissez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu"" (19).

Une doctrine commune

Au delaà des similitudes de forme et de pratique, le Pr. David Flusser constate l'existence d'une doctrine fondamentale, commune aux sectateurs de Qumrân et au christianisme : la prédestination, l'affirmation que le croyant est justifié par la grâce et par la foi, non pour les oeuvres et par l'obéissance à la loi.

Pour les sectateurs de Qumrân, le mauvais penchant, la prédisposition au péché existent en chaque homme : c'est la "chair". Les hymnes esséniens évoquent le dualisme entre chair et esprit. L'élection des esséniens est de grâce divine. C'est la préfiguration de la théologie de Paul : tout dépendrait de cette grâce, les oeuvres ne sont pas récompensées. Contrairement aux pharisiens, qui professaient que les évènements du monde pouvaient être infléchis par les bonnes ou mauvaises actions de l'homme, les sectateurs de Qumrân et plus tard les chrétiens, croient que les bonnes oeuvres de l'homme sont elles aussi un don gratuit de Dieu, échu à chaque sectateur comme plus tard à chaque chrétien. Comme les futurs partisans de Calvin, les esséniens croient que tout a été préconçu par Dieu, qui a décidé, dès avant la création du monde, qui sera bon et méchant. Le rôle de la foi par contraste avec les oeuvres, centrales dans le christianisme, l'une de ses innovations majeures, correspond à une idée qumrânienne.

Mais pas qumrânienne seulement. On tient communémment le christianisme pour la religion de la foi, le judaïsme pour la religion de la Loi. Cette simplification appelle une réflexion plus mûre et un nuancement que les manuscrits de la mer Morte permettent désormais.

La justification du fidèle par la foi est ainsi affirmée dans le Nouveau Testament : "Il est évident que, par la loi, nul n'est justufié devant Dieu, puisque celui qui est juste par la foi vivra" (Galates, 3, 11); ou "Mon juste par la foi vivra" (Hébreux, 10, 38). Le Pr. Flusser montre la centralité de cette idée dans le judaïsme de l'époque de Jésus. Le Talmud tente de réduire les nombreux commandements à l'unité et selon Rabbi Nachman ben Isaak, cette tentative avait déjà abouti avec le prophète Habakuk, qui a réduit tous les commandements à un seul : croire. C'est à lui que Paul, l'auteur des Epîtres aux Galates et aux Hébreux, a emprunté "le juste vivra par sa foi". Le Siracide (Jésus, fils de Sirac) avait énoncé la même idée : "Si tu crois en lui (Dieu) tu vivras (Sir. 5, 15). Et on la retrouve ailleurs dans la Bible hébraïque : "Abram eut foi dans le Seigneur, et pour cela le Seigneur le considéra comme juste" (Gen. 15, 6). La grâce divine accordée à qui Dieu veut, est mentionnée dès l'Exode : "J'ai compassion de qui je veux, j'ai pitié de qui bon me semble" (Ex. 33, 19).

Il n'y a donc pas originalité absolue sans l'idée de la foi salvatrice, même si le christianisme y insiste plus fortement. L'originalité, la nouveauté chrétiennes résident dans le remplacement de la foi en Dieu, telle que la concevaient les Juifs, par la foi en Jésus. L'évangéliste Jean formule cette nouvelle foi en mettant dans la bouche de Jésus : "Qui croit en moi vivra, même s'il meurt" (Jean, 11, 25). Et Paul dira : "Ce qui était impossible à la loi, car la chair la vouait à l'impuissance, Dieu l'a fait : en envoyant son propre fils" (Rom. 8, 3).

Le lieu de la transition

Où s'est produite la transition entre l'enseignement juif résumé par la Genèse, l'Exode, le Siracide et Habakuk, et l'enseignement chrétien de Paul et de Jean ? Encore une fois, les manuscrits de la mer Morte permettent peut-être de situer ce point de rupture, ou, au contraire de convergence, selon la perspective. Il y a tout lieu de croire que la transition s'est opérée, comme les autres traits de pré-christianisme, de quasi-christianisme que nous avons évoqués dans la secte de Qumrân. L'écrit le plus important de cette secte, du point de vue doctrinal, est le Commentaire d'Habakuk. Nous y trouvons : "Le juste vivra de sa foi" (Hab. 2, 4). Cela se rapporte à la maison de Juda (c'est-à-dire la communauté de la mer Morte) (...) à cause de leur foi dans le maître de Justice" (Comment. d'Habakuk, VII, 1, 2). La foi néo-testamentaire en Jésus est ici clairement préfigurée par la foi essénienne investie dans le maître de Justice. Les hymnes esséniens reprennent d'ailleurs le concept de la foi salvatrice à plusieurs reprises : "Je sais que nul homme n'est justifié sans Toi" (13, 16-17). "Seul par ta bonté l'homme sera justifié" (16-11). Toi et ta bonté - Dieu et la bonté - deviendront chez Paul le Christ et la grâce du Christ. On touche là du doigt le basculement de la foi juive en Dieu vers la foi en un "maître de Justice" qumrânien, plus tard en Jésus. Cette transformation marque une bifurcation entre Dieu et un homme devenu Dieu, ou encore, Dieu devenu homme. On voit bien comment la foi dans le Dieu d'Abraham, d'Isaac et Jacob s'est reportée sur Jésus. Cette transformation de la foi de Jésus en foi en Jésus, opérée par Paul et Jean, constitue la novation centrale du paulisme. Sur ce point crucial, la christologie (la croyance en la nature surhumaine d'un Messie-homme, en l'occurence Jésus Christ) on peut ainsi remonter également du christianisme paulien jusqu'au judaïsme classique, à travers les textes qumrânites.

Enfin, l'idée de la mort rédemptrice de Jésus, l'originalité chrétienne par excellence, pourrait elle aussi s'enraciner dans une tradition pas simplement qumrânite, mais classiquement juive : la mort d'un martyr produit un effet réparateur. Pour le Pr. David Flusser, ce concept est né à l'époque de la persécution par le roi grec Antiochus Epiphane et de résistance des Maccabées. Les élites du peuple qu'on voulait forcer à sacrifier aux usages et rites païens, ont alors préféré la mort à l'abjuration et auraient provoqué par leur sacrifice un apaisement de la colère de Dieu. Le 2ème livre des Maccabées décrit le mécanisme de cette mort salvatrice :"Je prie que sur moi et sur mes frères s'arrête la colère du Tout-Puissant justement déchaîné sur notre race (...). Ce jeune homme mourut sans s'être souillé et avec une parfaite confiance dans le Seigneur" (7, 38-40). Flusser en infère que beaucoup de Juifs, quand Jésus fut crucifié par les Romains, ont certainement cru que son sang avait été répandu en vue de la rémission des péchés d'Israël (19). Non pas en vertu des dogmes d'une religion nouvelle qui n'existait pas encore, mais inspirés par leur foi dans le pouvoir salvateur d'un Messie politique, doublé d'un "maître de Justice". Indépendamment de cette filiation qumrânienne, l'idée de Jésus-vicaire et rédempteur, d'un sacrifice rachetant nos fautes, repose d'ailleurs sur la tradition du serviteur d'Isaïe : "Ce sont nos maladies dont il était chargé, nos souffrances qu'il portait, alors que nous, nous le prenions pour un malheureux atteint, frappé par Dieu, humilié. Et c'est pour nos péchés qu'il a été meurtri, par nos iniquités qu'il a été écrasé; le châtiment, gage de notre salut, pesait sur lui, et c'est sa blessure qui nous a valu la guérison (...). Dieu a fait retomber sur lui notre crime à tous" (Is., 53, 4-6).

Ces ressourcements montrent la profondeur de l'enracinement du christianisme dans le judaïsme.

Les textes de Qumrân semblent donc bel et bien, constituer le chaînon manquant entre judaïsme et christianisme. La continuité entre les deux religions - faut-il écrire leur identité ? - est en tout cas mieux mise en évidence depuis la découverte des manuscrits de la mer Morte, et devrait éveiller une curiosité juive pour les textes du Nouveau Testament, tant imprégnés de judaïsme, et renforcer le respect et l'estime de la religion-fille pour la religion-mère et stimuler l'intérêt des chrétiens pour l'étude du protochristianisme juif qui a été vécu à Qumrân.

Notes

  • 12. Mireille Hadas-Lebel : "Les Manuscrits de la mer Morte", L'histoire, N°161, décembre 1992, pp. 8-14.
  • 13. David Flusser, Das essenische Abenteuer, Cardun Verlag, Winterthur, 1994. Les analyses de Flusser évoquées dans ce chapitre sont tirées des pp. 130, 132, 133, 142 et 143 de son ouvrage.
  • 14. Schalom Ben-Chorin, Paul, un regard juif sur l'Apôtre des Gentils, Desclée de Brouwer, 1999, pp. 156-157.
  • 15. ibid, p. 189.
  • 16. MCT 4Q521, cité par Hershel Shanks, L'énigme des Manuscrits de la mer Morte, Desclée de Brouwer, 1999, p. 74.
  • 17. MCT 4Q246, intitulé Pseudo-Dan, cité par Hershel Shanks, ibid, p.78.
  • 18. "4Q525 et les périscopes des Béatitudes en Ben Sira et Matthieu", cité par Hershel Shanks, ibid, p. 72-73.
  • 19. Règles de la communauté (8, 12-15), cité par Hershel Shanks, ibid, p. 86-87.

Ce livre a été publié aux Editions Salvator, 103 rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris

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